Le grain de sable


On entend beaucoup parler de harcèlement scolaire dans les medias en ce moment : j'espère que ce n'est pas simplement une nouvelle lubie politique pour racler des voix et qu'il s'agit bien d'une véritable prise de conscience collective d'un problème de notre société, aussi triste et révoltant soit-il, mais qui existe probablement depuis que l'école a été inventée.

En effet, on a tous des souvenirs de cas de harcèlement scolaire, plus ou moins poussés (et heureusement), à un moment de notre vie d'enfant. J'ai lu d'ailleurs, il y a quelques jours, un billet de Zaza qui disait qu'elle se souvenait encore, 30 ans après, des remarques qu'on lui avait faites étant jeune. Et elle n'est pas la seule : moi aussi, je m'en souviens. C'est quelque chose qui fait malheureusement partie des souvenirs d'enfance de chacun, pas les meilleurs, nous sommes d'accord, mais qui restent gravés à vie.

Là ou ça fait plus mal, c'est quand son propre enfant est victime de réflexions et/ou de mauvais traitements de la part de ses camarades : c'est la chair de sa chair dont il est question et, forcément, ça nous atteint en plein coeur... et ça nous révolte.

J'en ai fait moi-même l'expérience récemment avec mon Grand. Vous le savez, il se trouve scolarisé en classe de CE2. Je ne reviendrai pas sur les "soucis" que nous avons connu - les séances chez l'orthophoniste, chez les psychomotriciennes (oui, j'ai bien dit "les") et chez l'orthoptiste - car, aujourd'hui, je sais que mon Grand essaie de tout son cœur de dominer ses difficultés et qu'il semble (je touche du bois) y parvenir, si j'en crois ses résultats scolaires encourageants et les mots de félicitations pour son travail et son sérieux dans son carnet. J'en suis fière, vous imaginez bien à quel point.

Voilà donc le décor actuel : tout pourrait donc aller pour le mieux, la motivation étant là, sauf que... il y a quelques semaines, un grain de sable est venu perturber le rouage. Ce grain de sable, je vais l'appeler A.

A. était un élève de la classe de mon Grand. Il s'était lié d'amitié avec Q., qui était le seul apparemment à partager son loisir favori, à savoir : pourrir la vie des autres élèves de la classe. Ce que je vous raconte aujourd'hui, c'est ce que mon Grand a bien voulu me dire mais j'imagine bien que je ne sais pas tout. Comme apparemment une grande majorité des élèves de sa classe, garçons et filles confondus, mon Grand a fait partie de leurs victimes. D'après ce qu'il m'a raconté, le grand plaisir de A. était de piquer les bonnets à la récré (si bien que mon Grand ne portait plus le sien à l'école, alors que nous étions en plein hiver), de jouer au foot avec les gourdes, d'insulter les copains, de leur donner des coups de pied, de piquer leurs affaires, de mettre du stylo sur leurs vêtements, bref : nous avions là la panoplie du parfait petit con.

L'histoire s'est par chance bien terminée : à force de plaintes des élèves et de leurs parents et après de multiples séjours chez le Directeur, A. n'a pas fait sa rentrée dans cette école après les vacances de février. Je ne vous raconte pas comment la bonne nouvelle a été accueillie par mon Grand et ses copains de classe, je crois que nous aurions pu organiser une grande fête pour arroser l'évènement. C'est aussi un indice du ras-le-bol général.

Mais il reste son acolyte : Q., certes un peu moins gratiné que A. mais à surveiller tout de même. J'ai l'impression néanmoins que la situation est revenue à la normale, mon Grand ne m'en parlant plus et semblant avoir retrouvé une certaine sérénité. Car c'est son comportement à la maison, son agressivité, notamment avec sa sœur, ses résultats scolaires en baisse et ses réflexions bizarres qui nous avaient alertés sur l'existence de ce problème. J'ai la chance que mon Grand m'en ait parlé et que le problème se soit finalement réglé... mais je sais que ce n'est pas toujours le cas et que beaucoup d'enfants sont confrontés au problème et en souffrent. Trop, d'ailleurs. Malheureusement. Et ce n'est pas normal : l'école est un lieu de vie et d'apprentissage, pas de souffrance.

Alors, j'aimerais conclure par un avertissement à l'attention des gamins qui pourraient se sentir l'âme d'un A. en puissance et s'en prendre à mes loulous : si je vous choppe - car je serais à l'affût, tu peux me croire, tel François Hollande avec les voix de ses électeurs, enfin ce qu'il en reste - je vous oblige à écouter l'intégrale des albums d'Hervé Vilard, couplée à ceux des Prêtres (il y en a peu mais c'est au moins aussi pénible à entendre). Compris ?
 

On n'est pas bien là, tous ensemble ? (ouais, ouais)



Commentaires

  1. Une chance qu'il ne soit plus là... C'est d tellement difficile de gérer ce type de situation!

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    1. J'ai la chance qu'il ait quitté l'école : tous ne l'ont pas malheureusement :-(

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  2. je te conseille un chouette album sur le sujet 'Les commandeurs" je le présente très vite sur le blog pour que t'en voit plus ! bisous

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    1. Si ça peut aider aussi les enfants qui sont dans cette situation...

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  3. je présente le livre demain ! bisous

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