Le temps passe, ce n’est rien

Aujourd’hui, je fête mes 456 mois. Oui, depuis que j’ai passé la trentaine, je compte mon âge en mois : c’est un bon moyen de réviser ses divisions et puis, je ne vois pas pourquoi il n’y aurait que les bébés qui pourraient compter leur âge comme ça. Ben quoi, c’est vrai, à cet âge-là, on cherche plutôt à atteindre au plus vite les deux chiffres, tandis qu’au mien, on voudrait bien freiner des deux fers pour ne pas commencer à avoir le même âge que sa taille de vêtement.

Comme vous le voyez, je suis très en joie aujourd’hui et les événements récents n'arrangent rien à l'affaire. De toute façon, depuis quelques années, chaque 16 novembre, c’est comme ça. Je crois que ce sont tous ces « bon anniversaire ! » hypocrites des collègues de bureau que j’ai du mal digérer. Heureusement, tous les autres me font chaud au cœur : le « bon anniversaire » du matin sur l’oreiller de Papa est occupé, le « bon anniversaire maman » hurlé par des loulous encore en pyjama et les cheveux en pétard, ceux de la famille, tous vos « bon anniversaire ! » sur les réseaux sociaux et puis la perspective ce soir de se jeter un petit canon à bulles derrière la cravate. Cette année, Papa est occupé m’a fait un cadeau inhabituel : pour fêter mon anniversaire, il a pris une semaine de congés. Si si, ne te marre pas, c’est un cadeau : quand il est à la maison, c’est tout de même un peu moins la course le soir et puis on peux boire un coup tranquille hé hé.

Pour autant, cette journée, c'en est une comme les autres. D'ailleurs, c’est drôle de réaliser que son propre anniversaire n’est plus un événement, comme c'était le cas étant petit, et que l’on pourrait tout à fait se passer de le fêter, enfin surtout se passer de la question fatidique de tous les crétins qui nous entourent : « Et alors, ça te fait combien maintenant ? », ce à quoi je réponds : « Un an de plus par rapport à l’année dernière ! », à défaut d'un "Fuck !" bien senti.

Ça se voit, quand même, que je suis jeune, non ? Il y a des signes qui ne trompent pas : je porte une parka à col de fourrure comme les djeuns, je suis sur Instagram, j’écoute Louane, Girac et Maître Gims - ben oui, les loulous l’écoutent, alors j’en profite aussi, à l’insu de mon plein gré -, je porte mon sac à main au milieu de mon bras, une veste en skaï noir au printemps et j’ai le portable greffé à la main à l’arrêt de bus. Voyez comme que je fais des efforts, tout de même… De temps en temps, ça paye et on m’appelle « Mademoiselle », plaisir que les plus jeunes ne connaîtront pas quand ce titre aura complètement disparu de la circulation (merci la parité).

Toutefois, il y a quelque chose qui fait la différence entre la dinde de 18 ans et moi : il y en a une des deux qui ne fréquentera probablement plus jamais les salles d’accouchement de la maternité. C’est d’ailleurs plus une question de mental que d’âge : j’ai deux enfants magnifiques – le premier qui ajoute : « Et en plus, tu as le choix du roi ! » se prendra un coup de pelle virtuelle – qui font ma fierté et mon bonheur, j’ai une maison que j’aime, une voiture que j’aime tout autant et qui ne sont vraisemblablement pas conçues pour accueillir un troisième héritier (ou bien dans le garage pour la première et dans le coffre pour la seconde).

Je suis donc au regret de vous annoncer que ce blog ne publiera plus de billet puériculture à l’avenir. J’ai fait mon deuil du petit troisième, tout simplement parce que j’aime ma vie d’aujourd’hui, avec cette liberté que procure aux parents des enfants qui ont grandi. Les couches, les bébés que l’on nourrit à 3 plombes du mat’, l’œil boursouflé de sommeil devant Chasse et pêche, les lessives à répétition, à croire que tu as négocié un partenariat annuel avec Skip, l’attirail d’enfer (poussette, porte-bébé, sac à langer et tout le tintouin) pour aller chercher une plaquette de beurre à l’Inter du coin, non, pour moi, c’est fini, cela ne m’attire plus. Il y a un temps pour tout : je laisse toutes ces joies aux autres, j’ai eu ma part. Et puis, je suis trop vieille pour ces conneries, et d’ailleurs, le moment de regarder la télé en pleine nuit à cause des bouffées de chaleur reviendra assez vite. A chaque âge ses plaisirs, pour l’instant, je pionce, j’en profite, j’en ai tellement rêvé à certains moments. 

"Ce n'est rien, le temps passe, ce n'est rien..." les vieux auront reconnu la chanson de Julien Clerc

Néanmoins, même si l’âge de la reproduction est terminé pour moi, je veux bien continuer à suivre les entraînements :-) et ce n’est pas pour autant que j’aurai l’œil sec devant Baby Boom ou que je ne baragouinerai pas un « Oh qu’il est meugnon, ce petit lapin-là » lorsque l’on me présentera un bébé. Quand même, songez que dans au moins 456 mois, je serais peut-être mamie. Mais une jeune, hein, de toute façon, je suis nulle en couture. 

Je ne peux conclure ce billet sans avoir une pensée pour tous ceux qui sont dans la peine aujourd'hui : j'ai écrit ce billet la semaine dernière et même si je l'ai un peu modifié ce matin, il garde un ton léger car, envers et contre tout, il faut bien continuer à vivre, rien que pour donner tort à tous ces barbares inhumains... Malgré tout, il faut avouer que je n'aurais jamais cru un jour entendre le glas sonner pour mon anniversaire....


Commentaires

  1. ma fille est née qq jours après le 11 septembre 2001 ,bah c'est pareil .....ça faisait tout bizarre d'être félicités après un tel drame .....bon, bah, bon mois-iversaire ! ;-)

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    1. Un peu de douceur et de chaleur fait du bien, quand même, en ces jours sombres.

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  2. jeunette va ! dit la jalouse qui a 5 mois de plus ;-)
    encore bon anniv ma voisicopinet bisous

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    1. L'important, c'est d'être jeune dans sa tête et c'est le cas ! Bisous aussi !

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